Quand vous achetez un sac à dos de marque pour 20 fr. dans une échoppe au Vietnam, il y a deux possibilités; soit les marques nous surfacturent leur marketing, soit la qualité de notre achat laisse à désirer.
Dans mon cas, c’est la seconde. Après moins d’une semaine, les plastiques se cassent et les coutures craquent. On se dit : «Ce n’est pas grave, il n’était pas cher…» Et, au fond, nous sommes même relativement rassurés qu’un sac à 20 balles ne soit pas aussi solide que sa version à 100.
Lorsqu’un avocat crée son logo presque gratuitement avec de l’IA – genre Canva ou un autre service de logo bon marché sur le net – la démarche n’est pas très éloignée de mon achat de sac à dos. L’homme de loi sera probablement content au début, mais, après quelques mois, la vacuité d’idées et le manque de personnalité de cet objet graphique vont certainement se faire sentir.
Cette démarche n’est pas loin du costume trois pièces acheté dans un grand magasin de fast fashion. Oui, bien sûr, il ira très bien pour le mariage de votre cousin, mais quand vous le ressortirez pour celui de votre demi-frère, vous aurez quelques doutes. Et au baptême du petit, franchement, il sera insortable.
Votre logo, votre marque, votre image, ce n’est pas une pièce de vêtement ou un sac. C’est plus proche du tatouage. Certes, libre à chacun de le choisir sur catalogue et de se marquer dans la peau une image générique et sans âme. Mais ne mérite-t-on pas mieux ?
Vous me répondrez: «On n’a pas tous les trois mille balles à mettre dans un logo, un choix typo et une palette de couleurs !» Mais allons au-delà de cette (trop) simpliste réaction.
Déjà, travailler avec un professionnel pour établir sa charte graphique, c’est se construire un univers cohérent et sur mesure, pas juste quelques choix aléatoires.
Ensuite, les tarifs, cela se discute. Il y a plein de types de prestations. Vous pouvez construire une relation sur le long terme avec une personne qui vous accompagnera dans tous les aspects de votre communication et qui, au final, vous fera gagner en attractivité, et donc en rentabilité.
Les outils qui accélèrent et facilitent la production de graphisme, de site web, de contrats, de diagnostic médical et autres nous font tous être plus efficaces. Mais, ce ne sont que des outils qui doivent être supervisés par des professionnels. Comme tout ce qui va avec ces nouvelles intelligences artificielles génératives.
Alors oui, ces outils sont très bons (et peut-être même qu’une partie des personnes qui vont les utiliser auront un oeil suffisamment aiguisé pour en sortir de bonnes choses). Malheureusement, dans la majorité des cas, ce sera une solution toute molle, au mieux pas trop médiocre et qui manquera de sens.
Si notre environnement graphique se dégrade, c’est mon humeur de graphiste qui se péjore (mais ça, vous pouvez certainement vivre avec). En revanche, la typographie, la communication visuelles, les idées originales… Mon métier se retrouve partout, du menu de restaurant à la signalétique d’un hôpital, de votre carte de visite à votre site web. Vous peuplez un espace public avec votre image.
N’avons-nous pas tous une responsabilité de ne foncer tête baissée vers le «good enough»? Il est encore temps de changer de cap.
