Je n’aime pas le logo de la ville de Renens

Et pourtant, je l’ai défendu avec tout mon cœur.

Ce n’est pas vrai, il est parfait. Il s’agit d’une création du talentueux Julien Wulf qui l’a produit au sein de l’agence trivial mass. J’ai eu le privilège de partager cette aventure avec lui. Mais, ne bougez pas, je vous raconte.

Des propositions, des réflexions et des discussions, il y en a eu. Pour ceux qui ne connaissent pas Renens, c’est une ville singulière, cosmopolite et différente.

Elle cultive le mélange et les rencontres. Au moment du concours pour sa nouvelle identité, Renens se trouve au début de sa vie d’adulte. Elle a besoin de prendre de la hauteur, sans pour autant perdre l’énergie de son adolescence.

Dans cet esprit d’échange, l’identité s’inscrit dans une démarche participative. Je ne cache pas que pour nous autres les graphistes, ce n’est pas très rassurant.

Pour rappel le logo de Renens était plutôt illustratif, voire enfantin.

L’objectif est de mettre en avant plus de maturité sans pour autant perdre en fraicheur.

Lorsque Julien arrive avec la parabole, une typographie de Dávid Molnár de l’Ecal. Ma réaction est violente. Dans un premier temps, je la trouve disgracieuse, limite difforme.

Trop différente, trop dérangeante, pas assez dans le rang…

Mais, finalement ? Différente, dérangeante, singulière… Elle est parfaite.

Pour moi, c’est une leçon de graphisme.

Une bonne identité n’est pas : belle ou moche. Elle ne doit pas plaire. Elle doit être juste, servir la personnalité et identitaire tout simplement.

Si on y regarde de plus près, un autre aspect graphique confirme la parfaite adéquation de cette police de caractère et de Renens. Les courbes de la Parabole se croisent, se mélange et se rencontre.

Des courbes sémantiques

Formellement, la Parabole c’est une linéale. Sur une base sage et institutionnelle, on ose changer de parcours, sortir du chemin pour rencontrer l’autre. C’est typographiquement punk. C’est Renens.

Elle a d’ailleurs été créée, à l’Ecal, en terre renanaise.

Le fait que la forme rencontre le fond transcende les avis. Il y a une forme d’objectivité dans le résultat.

Finalement, la démarche participative a répondu très clairement en faveur de cette proposition. Après certaines réactions initiales, à l’instar de la mienne, dubitatives. La ville a obtenu au final une adhésion de la population derrière un projet qui lui ressemble.

Une typographie s’exprime. Elle rencontre ou pas un discours. Un dessin de lettre original transmet une idée. Lorsque c’est juste, Finalement, que j’aime ou que je n’aime pas le logo de Renens n’a absolument aucune importance. D’ailleurs, j’ai fini par l’apprécier. Et, ce genre d’amour dure souvent plus longtemps qu’un banal coup de foudre pour une solution entendue.

COU
COU!