De nos jours, il faut savoir se diversifier. Savoir se rendre indispensable dans tous les domaines. Pour être concurrentiel, il faut maitriser les outils pour produire toujours plus. Selon moi, cette omniscience n’est pas valorisée uniformément dans toutes les couches de la population.
C’est même souvent l’inverse. Plus vous charbonnez et plus vous galérez. Le charbon, parlons-en. Dans le cas d’une mine, le salaire est proportionnel à la distance au charbon lui-même. C’est comme ça : savoir se servir d’une pioche n’est pas très valorisé par notre société.
J’en viens au fait. Je suis tombé sur une annonce sur LinkedIn : “Chargé·e de communication visuelle”.
Cette annonce, comme toutes celles rédigées par un·e professionnel·le du recrutement (et une assistance IA), liste les compétences nécessaires pour satisfaire les exigences.
Niveau Bachelor (+ CFC) : les candidat·es doivent produire des contenus (print/web), savoir créer et réaliser des vidéos (script, tournage, montage), prendre des photos, concevoir des animations graphiques, créer des landing pages et des bannières.
Plus bas, on apprend également que cette perle rare doit effectuer une veille créative, proposer des concepts originaux et participer activement au développement de l’identité de marque.
Il est clair qu’en matière de qualifications, les recruteurs adoptent une philosophie du “mieux vaut trop que pas assez”.
C’est-à-dire : on liste de manière exhaustive tous les métiers du design et on verra bien.
Résumé des attentes :
On a besoin d’une personne capable de produire des vidéos promotionnelles, de réaliser les portraits du staff, de mettre en page le rapport d’activité, de créer et maintenir le site web avec quelques animations, le tout en y ajoutant des compétences de direction créative pour rester toujours à l’avant-garde du design. Et hop !
Faites le même exercice avec un médecin, un avocat ou un comptable. Par exemple :
“Un hôpital recherche un·e chirurgien·ne orthopédiste avec de bonnes connaissances en neurologie.”
Bon, c’est vrai, on peut être un·e excellent·e généraliste.
Mais regardons la liste des prérequis techniques :
• Maîtrise complète de la suite Adobe (env. 20 applications).
• Maîtrise avancée du HTML/CSS.
• Photographie, vidéo et audio (juste une petite ligne pour ça !).
• Bonne connaissance de WordPress.
• Office… bien sûr.
On ajoute à cela des soft skills de multitâche et une organisation irréprochable.
En toute honnêteté, combien de managers, de chef·fes de communication ou de responsables marketing cumulent autant de connaissances métier ? En plus, il faut être créatif·ve et avoir des idées.
Alors oui, certain·es d’entre nous pourraient répondre, de manière crédible et honnête, à cette annonce.
À ces personnes, je suggère de viser des prétentions salariales d’au moins 120 k/an. Parce que dans ce cas précis, les “3 ans d’expérience” mentionnés peuvent facilement se traduire par : “on ne veut pas payer plus de 60 k/an”.
Designer·es de tous bords, soyez fier·es de vos connaissances techniques et de votre créativité. Nous sommes des éléments clés de la chaîne de valeur, des pivots de différenciation marketing et des moteurs de rentabilité.
Et cela a un prix.